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 مقتطفات من كتاب اينياس دال الملوك الثلاثة

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مُساهمةموضوع: مقتطفات من كتاب اينياس دال الملوك الثلاثة   مقتطفات من كتاب اينياس دال الملوك الثلاثة I_icon_minitimeالأحد سبتمبر 19 2010, 14:40

Bonnes feuilles. Secrets de rois

Dans un livre paru cette semaine en France*, le journaliste français Ignace Dalle dresse des portraits fouillés des rois Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI. Pour vous, TelQuel a choisi les passages les plus savoureux – et les histoires les plus méconnues.


L’essentiel et l’accessoire

Dans Les Trois Rois, Ignace Dalle a choisi de reconstituer l’Histoire du Maroc indépendant à travers l’action, publique autant que privée, des monarques qui se sont succédés à sa tête. Même s’il ne se résume pas à cela, l’aspect le plus inédit de cet ouvrage reste, pour les Marocains, cette foule de détails révélateurs (parfois cruellement) sur les personnalités des rois Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI. C’est sur cet aspect en particulier que nous avons choisi de focaliser ces "bonnes feuilles", sélectionnées pour vous. Lecture orientée ? Sans doute. Mais c’est inévitable, quand on concentre autant de pouvoir entre les murs du Méchouar. Comme le dit très justement Ignace Dalle, au Maroc, "tout tourne autour du monarque ; le reste est accessoire". Allons donc à l’essentiel.

A.R.B


Mohammed V

(AFP)
Comment "gratter" pour "arrondir ses fins de mois" Mohammed V, ayant appris que son médecin, François Cléret, était sans émoluments depuis plus d’un an, décide de le nommer par dahir à son service et demande au Premier ministre de régler sa situation administrative : "Un temps, note le Dr Cléret, les discussions butèrent sur le montant du salaire. Celui proposé n’était pas élevé. (…). Alors toute la famille, le prince Moulay Abdallah en tête, s’offrit à me donner des “tuyaux” pour arrondir les fins de mois. La sultane, Lalla Abla, glissait dans l’oreille de ma femme Josette : “Dites au docteur de gratter.” Le prince Moulay Hassan s’était réservé le contingentement des

automobiles pour le royaume. Les constructeurs lui offraient des ristournes suivant l’importance des quotas accordés, mais toujours importantes, qui, ajoutées à l’exonération des droits de douane, faisaient qu’à la revente chaque véhicule rapportait un joli bénéfice. Le cousin Ali, très introduit, venait chaque jour, au petit déjeuner, retirer, pour services rendus, son bon de commande. Autre exemple : le directeur de la Société des phosphates, principale richesse du pays, distribuait, sur ordre, chaque semaine, une enveloppe à chacun des membres de la famille ou à des amis recommandés. C’était leur façon de “gratter”. J’étais horrifié."

Indemnité d’exil
L’argent a toujours été une préoccupation majeure de la famille royale. Avant même que l’indépendance ne soit acquise, le sultan entend être convenablement indemnisé par la France pour les vingt six mois passés en exil en Corse puis à Madagascar. Il estime ainsi avoir déboursé 70 millions de francs de l’époque lors de son séjour de quelques mois en Corse avec sa suite. Antoine Pinay ne méconnaissant pas "les inconvénients politiques et psychologiques que présenterait une discussion trop poussée des demandes faites par Sidi Mohammed Ben Youssef", la France consent assez rapidement à fixer à 600 millions de francs, "l’indemnité pour préjudice porté aux intérêts matériels de Mohammed V". Le 4 février 1956, Alain Savary autorise le versement de l’indemnité.

Gênantes offrandes
L’ancien directeur d’une administration publique, qui récupéra au début des années soixante plusieurs serviteurs ou proches de Mohammed V, lesquels rappelaient trop de mauvais souvenirs à Hassan II qui les avait congédiés, affirme, en se basant sur leurs déclarations, que Mohammed V (…) " se faisait inviter par des bourgeois pour qu’ils lui fassent des cadeaux. Mais, à peine arrivé, il téléphonait aussitôt à plusieurs de ses proches pour qu’ils le rejoignent, et il fallait aussi leur faire des cadeaux. On en était arrivé à un point tel que la plupart des familles bourgeoises essayaient d’éviter à tout prix ce type d’invitations…".

Quand le roi assurait ses arrières
Vieux militant de gauche et des droits de l’homme, longtemps proche de la direction de l’UNFP, Smaïn Abdelmoumni évoque ce souvenir : "En 1958, alors qu’il était ministre de l’Économie et des Finances, Abderrahim Bouabid fut invité par Mohammed V à faire acheter par l’État marocain un palais qu’il possédait à Qasr al-Baladiya, à Casablanca. “En tant que roi, disait Mohammed V, je dois être logé par l’État. Vous m’achetez donc le palais, et vous le mettez à ma disposition !”. Bouabid a refusé. Mais, par la suite, le rapport de forces n’a plus permis de continuer l’affrontement, et la famille royale s’est peu à peu attribué tout ce qui était rentable, de Fès à Agadir".
D’autres éléments font penser que l’inquiétude du souverain sur son avenir était bien réelle. En avril 1960, une note de l’ambassade rapporte les propos tenus à un diplomate français à Rabat par le Dr François Cléret : "Suite à un Conseil des ministres orageux, vers la mi-avril, le roi aurait décidé d’assurer ses arrières et fait procéder à des placements de capitaux à l’étranger et en particulier en Italie : une propriété au bord du lac de Garde et un grand magasin à Milan pour un montant de 250 millions de francs. Il aurait actuellement pour plus de 1 milliard de francs (soit 12 millions d’euros d’aujourd’hui) de capitaux investis à l’étranger. Depuis ce jour, le roi manifesterait, selon Cléret, une grande confiance en soi et se montrerait très “décontracté”, alors que, dans les semaines précédentes, il parlait d’abdication. (…)
Quelques mois plus tard, dans une longue note de la Direction générale des affaires marocaines et tunisiennes sur " Les dispositions prises par Mohammed V pour assurer son avenir en cas de besoin " – on ne peut être plus clair –, l’auteur écrit : " Depuis sa restauration, il semble établi que Mohammed V ait envisagé l’éventualité d’un départ brusqué […]. La dégradation accentuée de la situation au Maroc et sa sensible baisse de prestige éclairent d’un jour particulier les mesures de précaution prises par le souverain. On peut aussi formuler l’hypothèse qu’il agit délibérément et sans crainte afin de pouvoir se retirer de son plein gré au moment qu’il jugera opportun. Au moment où il a été déposé, la fortune inventoriée du Sultan s’élevait à 3,5 milliards de francs français (anciens francs), majoritairement en biens immeubles (soit 42 millions d’euros, mais les comparaisons sont très difficiles). Depuis deux ans, il beaucoup vendu : exploitations agricoles, immeubles de rapport, palais personnels, villas et terrains nus. Il a vendu son palais de Casablanca et a essayé de faire acheter par le gouvernement – il en avait demandé 2 milliards de francs marocains – son palais de Dar-es-Salam, à Rabat. L’affaire est toujours à l’étude.
"Récemment, le service marocain des Domaines a été contacté par le Palais en vue du rachat de terrains d’une valeur de 400 à 500 millions de francs marocains dans le quartier du Maârif, à Casablanca. Après Dar-es-Salam et Maârif, le roi aura fait racheter par l’État la presque totalité de ses biens immobiliers personnels". Lors de ses déplacements en Italie et aux États-Unis (en 1957), en Suisse et en France (1959), en Suisse (1960), Mohammed V a fait transporter de l’or et des objets précieux et a organisé plusieurs expéditions et convoiements par des familiers du Palais. Il a également transféré des devises pour son compte et celui de Moulay Hassan. Ainsi, le personnel de la Banque d’État du Maroc a passé la nuit du 28 au 29 octobre 1958 à empaqueter une quantité importante d’or et de bijoux appartenant en propre au roi, le tout destiné à une banque de Lausanne. "Le 7 octobre 1960, lors de son départ pour la Suisse, le souverain a personnellement surveillé l’embarquement dans son avion de nombreuses caisses amenées dans huit camions bâchés. L’attention toute particulière prêtée par le roi à cette opération a surpris de nombreuses personnes qui en ont déduit qu’une partie des richesses du Palais allait être mise à l’abri à l’étranger. Des personnalités marocaines dignes de foi ont confirmé que le roi avait effectivement procédé à l’achat, en Suisse et en Italie, de propriétés sur la situation et l’importance desquelles on ne possède toutefois pas de précisions. Il y a deux grandes villas en Italie, peut-être sur le lac Majeur, un immeuble de rapport à Rome, plusieurs villas en Suisse, dont deux à Lausanne et peut-être des immeubles en Belgique".

Sa dernière volonté politique
Le fqih Basri, décédé en octobre 2003, faisait partie des gens convaincus que Mohammed V, s’il avait vécu, aurait rappelé la gauche au gouvernement : "En 1960, après l’indépendance de l’État mauritanien [le 28 novembre 1960], Mohammed V a envoyé auprès des principaux dirigeants de l’UNFP Moulay Hassan Ben Driss, mari d’une de ses soeurs, qui nous a transmis le message suivant du souverain : “Je suis convaincu que j’ai commis une erreur en renvoyant le gouvernement d’Abdallah Ibrahim. Maintenant, je veux conclure un accord avec vous et je ne vous pose qu’une seule condition : vous me donnez votre parole que vous acceptez, en tant que direction de l’UNFP, le régime monarchique. En contrepartie, je m’engage à faire revenir au pouvoir le cabinet Ibrahim ou un autre cabinet dirigé par l’UNFP. Vous aurez également carte blanche pour les institutions, et notamment une monarchie constitutionnelle”. Après cette visite, j’ai convoqué une réunion avec Abdallah Ibrahim, Mahjoub Benseddik, Mohammed Abderrazzak, Abderrahmane Youssoufi. Tous, à l’exception de Benseddik, étaient prêts à signer un tel accord. Benseddik ne voulait pas s’engager. Il se moquait du Prince héritier qu’il qualifiait de “petit chevreau voulant liquider son père. Laissons-le finir avec cette statue, qu’on en finisse avec eux !”."
Mais l’histoire n’est pas terminée : "Youssoufi a été délégué en Suisse. Il a d’abord vu Ben Barka qui était également en Suisse, comme le roi, et qui a donné son accord à l’offre royale. Puis il a rencontré Mohammed V en présence de son directeur de cabinet, Aouad. Ils ont été d’accord sur tout. Nous allions rentrer dans l’ère des institutions. (Mohammed V est mort moins de trois mois plus tard).


Hassan II

(AFP)
Les caprices du prince héritier
L’aversion que dit éprouver le prince Moulay el-Hassan pour le matérialisme ne l’empêche pas d’apprécier les beaux cadeaux. À peine remis d’une opération d’urgence par suite d’appendicite, le 31 juillet 1956, il accepte avec empressement un hélicoptère offert par le gouvernement français, engin qu’il réclamait depuis un certain temps. Trois années plus tard, un conseiller de l’ambassade de France à Rabat revient sur cette période, alors que Moulay Hassan doit être prochainement reçu par de Gaulle : "Le général risque fort d’être agacé par les côtés déplaisants du personnage plus qu’il ne sera sensible à son brio", écrit-il. Le

diplomate rappelle alors "le désastreux passage" du prince à Paris juste avant l’affaire Ben Bella. Un passage marqué par une "activité assez malencontreuse" de sa part dans la capitale française. Moulay Hassan multiplie en effet les caprices. Sans doute trop inconfortable, l’hélicoptère ne suffit pas à son bonheur. Le 30 octobre 1956, il envoie un émissaire au conseiller financier de l’ambassade de France pour lui demander confidentiellement 120.000 dollars afin d’acheter deux avions Beechcraft aux prix respectifs de 21.000 et 75.000 dollars. Maurice Faure, alors secrétaire d’État aux Affaires étrangères, après être resté muet quelque temps, fait répondre qu’il est – comme ses collègues ministres de la Défense et des Finances – "défavorable" à cette idée : "Dites-lui que nous n’avons pas de dollars disponibles", câble-t-il. Maurice Faure n’est pas le seul à rechigner. Ministre de l’Économie et des Finances, Abderrahim Bouabid refuse à plusieurs reprises de donner une suite favorable aux multiples appels du prince héritier pour que l’État satisfasse ses besoins personnels. Bouabid estime que l’État marocain, démuni, a des dossiers plus urgents à traiter. Il considérait en outre, selon un de ses proches, que "le train de vie de la monarchie était budgétisé et devait donc, par là même, obéir à des règles". Plus tard, un gouverneur de la Banque du Maroc sera même limogé pour avoir refusé de se soumettre aux exigences du prince. Cependant, l’aviation privée occupe une bonne partie du temps du chef d’état-major général. Le 15 novembre 1956, Roger Lalouette demande conseil à sa hiérarchie, Moulay Hassan ayant commandé en juin précédent à la compagnie de Havilland un avion de type Héron au prix de 54.000 livres sterling. Pour 14.000 livres supplémentaires, il a fait aménager somptueusement l’appareil destiné à son usage personnel. Or, le ministre marocain des Finances, incapable de trouver l’argent pour régler la facture, demande à la France de débloquer 71.589 livres. La désinvolture du prince, qui a fait cette commande contre l’avis du commandant en chef de l’armée de l’air française au Maroc, irrite les autorités françaises : "Il y aurait intérêt à ce qu’une démarche officielle fut faite auprès du Prince Moulay Hassan pour appeler son attention sur l’impossibilité dans laquelle se trouvent les services financiers de couvrir en devises les engagements qu’il prend en dehors de la réglementation officielle". Mais, sans doute conscientes de tenir avec lui l’une des meilleures cartes de la France, ces mêmes autorités finissent par céder au bout de trois mois de tergiversations.
(…) En mars 1959, Hassan Ben Mohammed el-Alaoui est assigné à comparaître devant le tribunal de la Seine pour n’avoir pas réglé à M. Armand Langnas une somme de 40 350 485 francs que lui-même et Mme Jeannine Verret, dite Etchika Choureau, lui devaient. "La plus grosse partie des dépenses avait été faite par Mme Verret avec la caution de Son Altesse impériale. Il est clair que Son Altesse impériale et Mme Verret ont profité de leur situation personnelle pour ne pas payer à M. Langnas des sommes qu’ils ne peuvent pas contester devoir", relève notamment l’assignation. Une solution à l’amiable sera discrètement trouvée…

Nasser le visionnaire
Au printemps 1958, Moulay Hassan est au Caire, pour préparer un voyage de son père. Gamal Abdel Nasser (…) ne tarit pas d’éloges à son sujet : "Ce jeune homme, confie-t-il à Benoist- Méchin, possède une intelligence hors du commun, une perception très aiguë des hommes et des événements. C’est un des espoirs du monde arabe. Vous verrez qu’il deviendra un des personnages clés de notre renaissance".

Complice du meurtre de Lumumba ?
"À cette époque, (raconte le fqih Basri), l’armée marocaine, sous la direction du futur Hassan II, prenait de plus en plus de poids. Le Mossad jouait aussi un rôle important de conseiller. Ils lui ont conseillé d’éloigner Laghzaoui et de prendre Oufkir. C’est à cette époque aussi que Lumumba a été assassiné [le 17 janvier 1961]. Nous avons sollicité dans notre presse [At-Tahrir] le jugement du général Kettani, chef des troupes marocaines au Congo. Il nous a fait remettre par un autre général, Bouali, le message suivant : “Vous demandez mon jugement, mais je ne suis qu’un exécutant. Je tiens à votre disposition les télex de Moulay Hassan, chef d’état-major. Je dirai tout devant les juridictions.” Mohammed V était d’accord avec cette démarche. Mais il est décédé peu après, dans des circonstances étranges, lors d’une opération bénigne".

Quand Saddam Hussein poussait Allal el-Fassi au régicide
L’avocat casablancais Mao Berrada, qui fut longtemps très proche d’Allal el-Fassi, évoque une anecdote concernant Allal et Saddam Hussein : "Dans les années soixante, après notre sortie du gouvernement, nous avons été invités à Bagdad par Saddam Hussein qui était déjà l’homme fort en Irak. Comme dans ce genre de circonstances, il y a eu deux exposés convenus, une sorte de présentation de la situation dans nos pays respectifs. Puis Saddam Hussein a brusquement demandé à Allal el-Fassi :
" – Qu’attendez-vous pour renverser le régime marocain ? Je suis prêt à vous y aider par tous les moyens !
" – Écoutez, monsieur, lui a répondu Allal, cette affaire relève de la compétence du peuple marocain, et cela ne regarde personne d’autre !
" – Je vous donne un numéro de téléphone à Paris. Vous pourrez me joindre par ce biais pour tout ce que vous voulez, a poursuivi Saddam.
" Allal a refusé, et c’est moi qui ai pris discrètement le numéro de téléphone. Vous voyez, Allal el-Fassi était un monsieur qui n’était pas d’accord avec Hassan II, mais il n’aimait pas qu’on lui force la main. Dans l’âme d’un bourgeois fassi, il y a ce qu’on appelle le respect des formes. En arabe, on dit al adaoua toulaqih oua as-sâwâb yakoune [l’inimitié existe mais la convenance doit persister]".

"Allongé sur un matelas de billets"
Encore tout petit, (le futur Mohammed VI) il échappe des mains de celle qui le lange, tombe et se fracture l’humérus. Hassan II, que le Dr. Cléret n’a pas voulu perturber, apprend la nouvelle avec colère. Les deux hommes se séparent un peu plus tard dans des circonstances étranges, sinon inquiétantes. Selon Cléret, un matin, Hassan II lui demande de mettre de l’ordre dans sa réserve de bijoux, amoncelés dans une cave bétonnée creusée sous la chambre de sa villa princière du Souissi. Il reste enfermé de très nombreuses heures et finit par s’allonger "sur un matelas de billets, de devises et de titres posés à même le sol". Ce n’est que tard dans la nuit qu’il entend la porte s’ouvrir et le roi le regarder avec un oeil inquiet. "Fallait-il prendre cet incident pour une farce, un oubli ou une mise en garde ?" se demande le médecin français qui conserve "la désagréable impression" qu’il revenait de loin. Finalement, en juillet 1967, il parvient à quitter le royaume et arrive à Paris alors qu’il est en train de perdre la vue. Il découvre alors que "son affection oculaire est d’origine toxique" et qu’il a été "victime d’une tentative d’empoisonnement par un produit végétal neurotrope à action lente".

L’enrichissement des élites
L’histoire de la magnifique villa du ministre des Travaux publics Mohammed Imani, dans le beau quartier du Souissi, à Rabat, est restée célèbre. Alors que le ministre donne une fête somptueuse pour son premier million de dollars, le roi arrive à l’improviste et lui demande le coût des travaux. Imani sort un chiffre dérisoire. Le roi lui en propose le double et oblige Imani à lui vendre la villa…

Courtisanerie et obséquiosité
Une petite anecdote sur Hassan II amateur de golf est assez révélatrice du climat d’obséquiosité qui régnait de son vivant. À Jacques Chancel qui lui demande avec quel handicap il joue, Hassan II répond par une demi-pirouette : "Il y a des jours où je joue quatre ou cinq, mais mon pire handicap, c’est quand je suis rejoint par quelques ministres qui me glissent des notes entre deux coups". Apparemment, consigne a été dispensée aux caddies de répéter que Sa Majesté joue avec un handicap de quatre. C’est en effet la réponse qui est donnée à un diplomate venu jouer à Marrakech par un caddy habitué à accompagner le souverain. Le diplomate ne cache pas un certain étonnement devant un tel niveau :
" – Vraiment, quatre ? C’est un très bon joueur ! Vous êtes sûr, quatre ?
" – Euh… (Hésitation et gêne du caddy). C’est-à-dire qu’on lui donne le coup quand il est à moins d’1 mètre 50 du trou.
" – C’est tout ?
" – Si les balles sortent du parcours ou vont dans les bunkers, on ne le lui dit pas et on la remet en bonne place…
" – Bon, j’ai compris !… "
(…) Revenons à l’interminable cohorte de ses thuriféraires, et écoutons Jean Daniel. Venu interviewer le roi, il entend celui-ci énoncer : "Comme le dit La Bruyère, le style c’est l’homme". Jean Daniel ne souffle mot, mais, une fois l’entretien terminé et le roi parti, il le réécoute en compagnie d’Ahmed Réda Guédira. Il lui signale alors que ce n’est pas La Bruyère, mais Buffon qui est l’auteur de cette maxime. Guédira lui dit en riant : "Si le roi l’a dit, impossible de changer… Débrouillez-vous avec Driss Basri !" Puis, Guédira s’en va et laisse Jean Daniel avec Basri :
" – Alors, Monsieur le Ministre, que fait-on ?
" – Rien du tout. Appelez-moi quand vous serez rentré à Paris, et on verra.
" – Mais, Monsieur le Ministre, ce n’est pas parce que je serai à Paris que La Bruyère sera devenu l’auteur du mot !"
Jean Daniel arrive à Paris et rappelle comme convenu Driss Basri qui lui dit : "Écoutez, cher ami, vous qui connaissez bien La Bruyère, vous ne pourriez pas me trouver une petite phrase dans son œuvre qui ressemble à celle de Buffon ?".
"Voilà, conclut le directeur du Nouvel Observateur, à quel degré de courtisanerie on en était arrivé".

La vengeance dans la peau
Une anecdote racontée par M’hammed Boucetta est à cet égard révélatrice : "Hassan II n’avait aucune pitié quand il se sentait humilié. Un jour, après Skhirat, il m’a dit : “Ces gens-là m’ont humilié ; ils doivent payer, non pas d’un coup de revolver, c’est vite fait, mais lentement, comme un sucre dans l’eau glacée”".

Brouillé avec les chiffres
Toute sa vie, Hassan II semble avoir été brouillé avec les chiffres, même si le patrimoine de la famille royale, sous sa conduite avisée, a dû être multiplié par au moins cinquante sous son règne. Dans un discours prononcé le 1er juin 1970 devant les responsables de l’Office de commercialisation et d’exportation, il affirme ainsi qu’au Maroc l’hectare donne 15.000 tonnes d’agrumes, alors que, dans certains pays concurrents, les rendements s’élèvent jusqu’à 30.000 tonnes à l’hectare… En 1974, dans une interview accordée le 15 mars au journal libanais Al-Hawadith, il estime les coûts de production du baril de pétrole extrait à partir des schistes bitumineux à entre 8 et 10 dollars le baril, "c’est-à-dire, dit-il, moins cher que le prix actuel du baril". D’où tient-il ces chiffres ? Mystère ! Ce qui est sûr, c’est que les experts situent à l’époque les prix dans une fourchette allant de 25 à 30 dollars…

La manie du détail
Toute sa vie, Hassan II conjugue le goût des brillantes synthèses avec un penchant immodéré pour les petites choses, y compris les détails sordides. (…) Incongrue, surprenante, cette manie du détail est parfois franchement inquiétante. Au début des années quatre-vingt-dix, nous a raconté un familier du Palais qui a souhaité garder l’anonymat, une jeune femme servant le monarque au palais de Bouznika est surprise par le roi en train de téléphoner. Hassan II entre dans une terrible colère. Il veut savoir à qui la gamine, fille d’une des femmes du harem, parlait. Il met le département de la Sécurité royale, alors dirigé par Mediouri, sur l’affaire. L’interlocuteur de la jeune femme est retrouvé et sévèrement tabassé par les hommes de Mohammed Farissi, bras droit de Mediouri. L’intervention d’une tierce personne permet d’éviter le pire, et on invente une histoire de famille pour calmer le roi.
Un peu plus tard, c’est une autre servante qui est écrasée par un train alors qu’elle a franchi le mur du palais de Bouznika pour retrouver son petit ami. Nouvelle colère jupitérienne du monarque. Commentaire du familier qui affirme qu’en l’occurrence il y eut mort d’homme : "Il était comme cela : le moindre détail pouvait le mettre dans des états invraisemblables".

Le mouton, tu égorgeras
Abdelhadi Boutaleb est d’autant plus menacé dans ses fonctions qu’il prend plusieurs initiatives qui "crispent" le souverain. Ainsi, il croit pouvoir affirmer que ce dernier décidera de ne pas appliquer cette année-là l’obligation du sacrifice du mouton pour épargner de précieuses devises. Il se trompe : en qualité de Commandeur des croyants, Hassan II lui rappelle qu’il est là pour "veiller à l’observance par le Maroc de toutes les obligations imposées par Dieu aux musulmans", et il rejette donc sa proposition. Une pièce de théâtre retransmise à la télévision "fâche" encore plus le souverain : il s’agit d’une famille modeste qui cherche à tout prix à accomplir le sacrifice de l’Aïd. Hassan II y voit une nouvelle provocation de Boutaleb ; il le lui signifie sèchement au téléphone. Quelques minutes plus tard, précise Abdelhadi Boutaleb, l’électricité est coupée et les téléspectateurs sont privés du même coup du dénouement de la pièce. (…) Quant au principal acteur de cette pièce, Hamadi Amor, la police ne trouve rien de mieux que de l’enlever et de le faire disparaître jusqu’à ce que Hassan II, alerté par Boutaleb, le fasse libérer et lui donne un peu d’argent pour " atténuer son chagrin".

"Je suis un roi sympa"
Parfois volontairement excessif dans sa formulation, mais pour mieux toucher le lecteur, le livre Notre ami le roi, de Gilles Perrault connaît un énorme succès. Quatre ans plus tard, interrogé par Éric Laurent, Hassan II affirme qu’il y a eu "manipulation" de la part des éditions Gallimard. "Les Français, confie-t-il en aparté au journaliste parisien, m’aiment bien. Ils m’ont vu [sur la couverture] en smoking, je suis élégant. Ils ont acheté le livre pour cela. Pour eux, c’était l’histoire d’un roi sympa !".

Un culot inouï
Les allégations d’Amnesty International le laissent froid. Il en est à peine agacé : "Si je savais qu’un pour cent de ce qui est écrit dans les rapports d’Amnesty est exact, je puis vous assurer que je ne dormirais pas. Mais enfin, je n’ai pas la tête d’un bonhomme qui torture à longueur de journée et qui trouve le moyen de bien faire son travail, de sourire et d’embrasser ses enfants".

5 millions d’euros pour Chirac
En ce printemps de 1995, Hassan II a les yeux tournés vers Paris où son ami Jacques Chirac est une nouvelle fois candidat à la présidence de la République. Auteur de Noir Chirac, François-Xavier Verschave affirme que Hassan II, depuis longtemps très généreux avec Chirac, "aurait apporté l’équivalent de 5 millions d’euros" pour sa campagne présidentielle. Les valises de billets auraient transité par les Galeries Lafayette où le Palais marocain, gros client, serait "comme chez lui". Des proches du futur président seraient venus récupérer l’argent. À notre connaissance, aucune plainte ni aucun démenti public d’aucune sorte ne sont venus contester les éléments d’information avancés par F.-X. Verschave.

Les chasseurs profiteurs
En mars 1999, Le Parisien révèle que plusieurs agents de l’Office national (français) de la chasse vivent en permanence sur la propriété de 700 hectares que possède Hassan II en Seine-et-Marne, à Gretz-Armainvilliers. Dominique Voynet, ministre de l’Environnement, dont dépend l’ONC, demande aussitôt des explications à l’Office sur la mise à disposition gracieuse de gardes-chasse au roi du Maroc. "Il n’y a pas de raisons, déclare-t-on au ministère, que du personnel public soit à la disposition d’une personne privée". Si cette somptueuse propriété, où Hassan II a fait faire d’énormes travaux au milieu des années quatre-vingt-dix, servait fort peu au souverain, elle permettait en revanche à certains habitants des environs, selon une source digne de foi, de faire de solides économies en se branchant sur les lignes approvisionnant la propriété en électricité…


Mohammed VI

(AFP)
Humeur dans un Conseil des ministres
(Suite à l’affaire de l’îlot Leila/Perejil), en Conseil des ministres, Mohammed Elyazghi réclame des explications, estimant que le Parlement et le peuple ont le droit de savoir. Le roi le coupe sèchement en l’invitant à "relire la Constitution". Pour anecdotique qu’elle soit, la suite de cet échange un peu vif illustre bien le fonctionnement du souverain qui semble marcher allègrement sur les traces de son père. À peine Mohammed VI a-t-il remis en place Elyazghi que le ministre des Affaires religieuses, Alaoui M’daghri, intervient et, en bon courtisan, fustige Elyazghi auquel il reproche son intervention "indigne".

On décide finalement de se retrouver quelques jours plus tard en réunion interministérielle pour évoquer l’affaire. Entre temps, Mohammed VI prie Alaoui M’daghri de rester chez lui et confie à Elyazghi une mission en Chine. Autant dire qu’on ne parlera plus de rien…

Timide et raide en public, détendu et sympathique en privé
Cinq ans après avoir succédé à son père, Mohammed VI demeure dans une certaine mesure "une énigme", selon le mot de Gilles Perrault dans une interview donnée quelques jours après la mort de Hassan II. Le contraste entre l’homme public et l’homme privé surprend. Le premier, timide, raide, lit péniblement ses discours, n’accorde que très peu d’interviews et, en cinq années, n’a toujours pas donné la moindre conférence de presse. Les réunions officielles semblent l’ennuyer prodigieusement, et il paraît même les fuir. Lors du Sommet euro-maghrébin, dit "5+5", au début de décembre 2003, il arrive en retard et ne participe pas au dîner d’ouverture. Deux jours plus tard, à la consternation des autres chefs d’État et d’une partie de la délégation marocaine, il est absent du dîner qui réunit toutes les délégations. (…) Le jet-ski, qui a maintenant sa "Nuit internationale" à Rabat, patronnée par la Fédération royale de jet-ski et de ski nautique, occupe une place importante dans la vie du souverain. En novembre 2003, les employés d’un atelier de peinture de la BASF, installé près de Bordeaux, se souviennent encore de la visite de Mohammed VI, venu assister en compagnie de deux gardes du corps au "relookage" de ses engins. Le petit personnel fut invité à déjeuner par Sa Majesté dans une pizzeria voisine. On ne parla que de sport !
De l’avis unanime, l’homme privé est beaucoup plus détendu et sympathique, même s’il est susceptible et colérique. Il aime rire, a conservé en partie le sens de l’humour et l’esprit de fête qui étaient les siens quand son père vivait encore et le laissait tranquille. En 2003, libre de son temps et de ses mouvements, il réalise un de ses rêves et passe une soirée en région parisienne chez Johnny Hallyday, une de ses idoles, et Laetitia, sa compagne. Il est ravi ! Il lui faut respirer après avoir étouffé si longtemps. Dans une de ses rares interviews, Mohammed VI apporte d’ailleurs quelques petites précisions sur ses penchants en musique : J’aime beaucoup la musique de mon temps, le raï, le rock. Je l’avoue, j’ai des goûts très commerciaux. Mais je me laisse emporter par les différents courants contemporains".




(AFP)

L’auteur

Ancien chef du bureau de l’Agence France Presse (AFP) à Rabat, aujourd’hui installé à Paris, Ignace Dalle est un spécialiste du monde arabe et un grand amoureux du Maroc, où il conserve de multiples et solides amitiés. Il a été le premier journaliste à (longuement) écouter les rescapés de Tazmamart. C’est lui qui a recueilli et mis en forme les mémoires d’Ahmed Marzouki, dans le best-seller Tazmamart cellule 10. Son premier livre sur le Maroc (Hassan II

ou l’espérance brisée, Maisonneuve et Larose, 2001) est un bilan concret – et très chiffré – du règne du défunt monarque. Les Trois Rois, qui paraît cette semaine en France (et bientôt au Maroc) est encore plus ambitieux. Dalle y dresse un impressionnant panorama du Maroc indépendant, sous la conduite de ses trois souverains successifs. Pour l’écrire, Ignace Dalle a recueilli des centaines d’heures de témoignages et noirci des milliers de pages de notes. Le résultat est extrêmement documenté, plaisant, fourmillant d’anecdotes savoureuses. Malgré ses 800 pages, il se lit d’une traite. À découvrir absolument.
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مقتطفات من كتاب اينياس دال الملوك الثلاثة
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